Quand un lapin ne saute plus, cela révèle souvent une douleur qu’il tente de dissimuler. Grâce à l’analyse locomotrice, aux examens vétérinaires et à l’ostéopathie, il est possible d’identifier la cause et d’améliorer son bien-être.
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Lorsqu’un lapin ne saute plus, ce comportement inhabituel peut être le signe d’une douleur profonde. Le saut étant une fonction locomotrice essentielle chez le lapin, toute modification doit alerter. Plusieurs études et observations cliniques montrent que les lapins sont experts pour cacher leur douleur – un héritage instinctif lié à leur statut de proie (Carpenter & Marion, 2016). C’est pourquoi l’analyse fine du comportement locomoteur est cruciale.
🦴 Pourquoi le saut est-il important chez le lapin ?
Le saut est un mouvement physiologique fondamental. Il engage les hanches, les genoux, la colonne et les muscles fessiers et paravertébraux. Il permet aussi :
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la fuite rapide en cas de danger ;
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la tonification musculaire ;
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l’expression du bien-être (bond « binky ») ;
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l’accès aux enrichissements verticaux.
Un lapin qui ne saute plus exprime donc souvent une douleur chronique ou aiguë, d’origine musculo-squelettique, podale ou viscérale (Meredith & Flecknell, 2018).

🔎 Signes indirects d’une douleur
Les signes cliniques associés à une douleur chez le lapin sont souvent discrets :
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Réticence à se déplacer ;
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Posture statique, dos voûté ;
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Absence de toilettage ;
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Respiration accélérée ou halètement ;
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Refus de monter sur des plateformes.
Dans une étude menée par le Royal Veterinary College (2020), l’inactivité et les changements locomoteurs sont cités comme des marqueurs fiables de douleur, surtout en l’absence d’autres symptômes.
🐾 Causes fréquentes quand un lapin ne saute plus
1. Douleurs articulaires ou osseuses
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Arthrose du bassin ou des genoux (Harcourt-Brown, 2002)
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Séquelles de fractures
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Luxations (notamment coxo-fémorales)
2. Pododermatites
Les douleurs d’appui dues à des lésions des coussinets, surtout sur sol dur (Quesenberry & Carpenter, 2012), empêchent le lapin de prendre son impulsion.
3. Troubles digestifs douloureux
Une stase digestive ou des météorismes peuvent irradier vers la colonne (Meredith & Flecknell, 2018), entraînant une inhibition du mouvement.
4. Douleurs dentaires référées
Des malocclusions dentaires peuvent provoquer des tensions jusque dans les cervicales, empêchant le mouvement vertical.
5. Troubles neurologiques
Compression médullaire, atteinte du nerf sciatique ou vestibulopathie peuvent empêcher la propulsion correcte (Capello, 2016).
🧐 Les signes à observer pour le propriétaire
Le propriétaire joue un rôle clé dans la détection précoce d’une douleur chez le lapin. Parce que ce dernier cache naturellement ses souffrances, il est essentiel d’être attentif aux moindres changements de comportement. Un lapin qui ne saute plus peut aussi présenter d’autres signaux discrets mais significatifs :
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Il hésite à monter sur les plateformes ou les meubles, alors qu’il le faisait avant.
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Il reste souvent couché, même lorsqu’il est d’ordinaire actif.
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Il adopte une posture voûtée, avec les pattes sous le corps, ou il reste en position assise prolongée.
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Il semble irrité ou agacé lors des manipulations, notamment au niveau du dos ou des pattes.
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Il a du mal à se toiletter, en particulier la croupe et les oreilles.
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Il mange toujours, mais avec moins d’entrain, ou il réduit son activité digestive (moins de crottes, selles plus petites).
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Il change ses habitudes d’exploration ou d’interaction avec son environnement ou son humain.
Certains propriétaires notent aussi que leur lapin semble « triste », « ralenti » ou « maladroit ». Ces ressentis sont souvent justifiés : les études cliniques montrent que ces signes subjectifs sont très corrélés à une douleur persistante (Meredith & Flecknell, 2018 ; Capello, 2016). Dès qu’un doute existe, une consultation vétérinaire ou ostéopathique est recommandée pour évaluer la situation.
🐾 Astuce pour bien observer son lapin
Pour détecter une gêne ou une douleur chez votre lapin, l’idéal est d’observer dans le calme, à distance, sans intervenir. Voici quelques conseils pratiques :
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Placez-vous discrètement et observez-le pendant 10 à 15 minutes.
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Regardez s’il saute spontanément sur ses plateformes habituelles.
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Notez s’il utilise les deux pattes arrière de façon symétrique.
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Vérifiez s’il fait sa toilette normalement (notamment les zones postérieures).
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Observez s’il change fréquemment de position ou reste immobile longtemps.
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Écoutez : certains lapins souffrants grincent des dents (bruxisme douloureux).
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Comparez avec son comportement habituel : tout ralentissement ou retrait social est suspect.
Vous pouvez aussi tenir un petit carnet d’observation où vous notez les comportements anormaux ou les éventuels changements de routine. Cela peut être très utile pour votre vétérinaire ou ostéopathe afin de poser un diagnostic plus précis.

🔬 Quels examens pour identifier la cause ?
Le vétérinaire pourra recommander :
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Des radiographies (colonne, hanches, pattes)
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Un scanner ou une IRM en cas de suspicion neurologique
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Des analyses sanguines (marqueurs inflammatoires, troubles métaboliques)
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Un examen ostéopathique fonctionnel pour détecter des pertes de mobilité
💊 Traitements possibles
Selon la cause, plusieurs approches sont possibles :
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Anti-inflammatoires non stéroïdiens (ex. : méloxicam, sous surveillance vétérinaire)
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Traitement podal (désinfection, bandage, changement de litière)
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Détartrage ou extraction dentaire
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Rééquilibrage de l’alimentation (fibres, calcium)
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Séances d’ostéopathie animale adaptées au lapin
🤲 Le rôle de l’ostéopathie animale
L’ostéopathie repose sur une approche globale. Chez le lapin, elle permet :
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de restaurer la mobilité articulaire ;
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de soulager les tensions musculaires compensatoires ;
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d’améliorer la vascularisation et le drainage tissulaire ;
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d’agir en complément du traitement vétérinaire.
Comme l’indique Reboud-Ravaux (2013), les manipulations douces améliorent le confort et la locomotion, en particulier chez les NAC.

FAQs
- Est-ce qu’un lapin âgé saute moins naturellement ?
Non. Même s’il est plus calme, une absence de saut signale souvent une arthrose ou un inconfort musculo-squelettique. - Une pododermatite peut-elle empêcher de sauter ?
Oui. Les lésions douloureuses des coussinets empêchent l’appui et l’élan nécessaires au saut. - Peut-il y avoir un lien avec les dents ?
Absolument. Une douleur dentaire peut provoquer des tensions cervicales, gênant les mouvements. - Quels signes digestifs peuvent limiter les sauts ?
Ballonnement, stase ou douleur abdominale peuvent causer un dos voûté et une réticence à bouger. - L’arthrose est-elle fréquente chez les lapins ?
Oui, surtout après 5-6 ans. Elle touche souvent les hanches, genoux et colonne. - Peut-on utiliser l’ostéopathie en cas d’arthrose ?
Oui. Elle aide à redonner de la mobilité, à réduire la douleur et à limiter les compensations. - Comment adapter l’environnement pour un lapin douloureux ?
Prévoir des rampes, tapis antidérapants, éviter les plateformes trop hautes. - Un sol inadapté peut-il aggraver la douleur ?
Oui. Les sols glissants ou trop durs favorisent les pododermatites et les tensions musculaires. - Un lapin peut-il souffrir sans boiter ?
Oui. Il peut compenser en évitant certaines postures, comme le saut. - quel moment consulter un ostéopathe animalier ?
Dès que la locomotion change sans cause évidente, ou en complément du suivi vétérinaire.